L'[9]nnui

I_ La tromperie

L'ennui est à l'humanité une bouée de survie face à la fin inextricable.
Le temps qui défile est une angoisse bien trop sereine pour ne pas occuper son vide.
Est-ce que, les premiers hommes, pour chasser l'ennui, entre leurs expéditions nourricières, 
exploraient le monde en attendant une réponse à leur destiné finale ? Morbide.
De mon humble avis, l'humain a toujours cherché à tromper l'ennui : la vacuité de l'univers, le vide de ses pensées, 
l'instant présent ne pouvant être une occupation infinie.
S'est-il mis à créer une musique dont le son à animer son âme ?
Une magie dont l'ardeur a vivifié son réveil ?

A-t-il entrepris d'utiliser ses mains pour modeler de la matière à penser ?

L'ennui, point de départ d'un aller implicite vers le mouvoir. À la rencontre de la création :
physique, matérielle, spirituelle.

« Tromper l'ennui » est d'adage, comme si l'on savait bien qu'omniprésent, il est un compagnon indéfectible. 
Et que, pour lui échapper, il faut le laisser de côté. Arrêter de communiquer avec. S'émanciper de ce qui colle à la peau, 
créer des histoires pour éviter de ne croire qu'aux arbres qui ploient et soleil qui rougeoie.

A-t-on la capacité, encore, aujourd'hui, d'imaginer le monde sans rien ?
Un monde nu, un sol qui poudre.
Des étendues vastes ; qui , bien que peuplées de chimères, n'offrent que vision paisible et harmonie de sens.

Est-ce que nous, anthropomorphe moderne, sommes aptes à tant de vide ?
Bombardés par le bruit, les messages que nous n'avons pas conçus, par des pixels agressifs et 
des couleurs ternes, ou vives, nous n'avons plus qu'un loisir abstrait à concevoir ce monde de vide.
Crions à l'angoisse. Crions à l'agonie.
Une monde sans rien serait un recul de l'évolution.
Mais, il est d'avis somme toute placide, que nous serions dans l'ennui.

Fardeau indébrouillable après s'être nourri, à quoi penserions-nous, si nous n'avions connus que la terre nue ?
Drôle d'entreprise de voir que nous houspillons cet ennui en impunité, au point d'en faire 
une quête new age de milieu alternatif. Un retour aux sources. Le voilà bafoué par la majorité, 
préférant l'agitation que cette non-occupation.
Être avec son seul silence pour compagnie.
S'infliger cela reviendrait à une souffrane pour le monde en sa généralité, une rigueur dont le progrès nous a éloigné.
Le chemin pour le combattre nous tombe dans la main, sans même plus une once de remous. 
L'humanité est bien là, t'apprenant que l'ennui est une maladie.
S'ennuyer, quelle plaie !

Occupe ton temps mon ami-e, l'ennui c'est pour la flemmardise, pour ceux qui veulent prendre 
le temps de ne penser à rien alors que la société a besoin de ton espace cérébral pour s'agiter à l'épuisement. 
À regret, l'ennui n'est plus vu commeune arme pour faire grandir l'âme.
« l'ennui, c'est pour les gens ennuyeux »
Aucune essence logique ne semble extrayable de cette phrase. L'ennui est une provocation de contexte. 
Comment, alors, devenir notre propre potentiel de non-agitation intellectuelle ?

Regarder les nuages : ennui ou mélancolie ?

L'ennui est un état d'esprit réceptionné par celui qui le vit ; passant le prisme de sa personnalité. 
Car, après tout, il n'y a que ceux qui pensent subir, qui se font subir par astreinte mentale.
Voilà qu'ils aperçoivent alors une possible fenêtre de tir dans leurs pensées alors qu'ils n'y sont jamais connecté.

Finalement, l'ennui est une crainte car elle laisserait cet enfoui surgir et rappellerait aux gens 
qu'ils n'ont pas réfléchi à ce qu'ils sont.
À ce qu'ils font là.
Il viendrai, cet instant du pourquoi, cet incidence de l'inactivité.
Alors on se divertit. On oublie.
On cache ce qui pourrait causer du tort à notre intégrité et notre vie qu'on a mis tant de temps à ranger.

Subir cet ennui serait une nouvelle forme d'acceptation de notre condition.
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