Je suis un verre à moitié vide. Une semi-victoire dans tout ce que j’entreprends, et ce, uniquement biaisé par ma négativité. Mon travail est une parcelle de compétences qui m’a coûté des années: sûrement qu’il aurait fallu que j’ai mieux. Mais peut-être que je n’en mérite pas tant. Mon corps est une personne que je fuis: par instant mon ami, souvent décortiqué devant une glace chaque matin. Ma spiritualité d’artiste est une variante de looks approximatifs non assumés et quelques projets inachevés. Pourtant, je ne peux imputer cela qu’à ma négativité. Je la traîne, sans la lâcher. C’est juste si peu évident de changer de point de vue et j’impacte le reste du monde avec ce trou d’émotions. Alors parfois je pleure, en ne voyant pas le mal que je crée. Alors je me replie en me disant que je dois changer. Je me plains comme un gamin qui n’a pas son jouet. Comment ne pas être dur avec soi-même après cela? Les années passent et je démoralise les gens: ils ne me voient pas changer, leur bienveillance ne me fait pas évoluer. Alors on me rentre dedans, on me met face à mes propres inepties; et si j’avais la force d’une solution, j’y arriverai. Malgré cela, je ne cesse de me voir comme un semi-loupé. Je n’arrive pas à m’en détacher. Je comprends que les gens me fuient, qu’ils en ont marre. Être dur ou sympathique, cela me renvoie au même constat. Des heures durant je peux fixer mon vide et me dire que j’ai les capacités. Que les paroles sont dures, mais qu’elles sont utiles. Pour moi, pas contre moi. S’il n’y avait pas l’ambivalence, je les accueillerai sans craintes. Mais mon esprit s’encombre juste à se replier, toujours plus. J’affronte le monde avec espoir, la muraille haute. Alors je fais avec cette tristesse en sachant qu’elle est un caprice, que je dois la porter. Je ne ferai plus subir cela. A défaut de la soigner, d’arriver à la surmonter; je ne la ferai plus goûter.
